CONTEMPLATIONS

Pendant qu'on est là à contempler nos vies, toi tu soupires. Tu le sais, beaucoup de choses sont derrière toi maintenant. Tu n'oses même plus espérer. Tu sais. Tu sais. Tu sais.

J'aurai tant aimé être une autre que je ne suis pas. Et comme tant avant moi, je me demande ce que je fais de cette vie. Tous semblent penser que je la gâche. Je le vois dans leurs yeux. Je le perçois à chaque fois qu'ils daignent poser leurs regards sur moi. Des regards paraissant si fuyants mais qui ne trompent personne en réalité : « Elle perd son temps, si ça avait été moi... » Oui mais tu ne n'es pas moi. Tu ne le sera jamais. Bonne pioche. La chance a tourné en ta faveur, pas la mienne. Rien n'est simple. On ne te livre pas la vie avec un manuel. C'est juste un putain de livre aux pages blanches que tu dois sans cesse réécrire, raturer, gommer, modifier mais ce qui est paradoxal dans tout ça c'est qu'elle ne t'offre que peu de retours en arrière. De rares exceptions que tu ne dois pas utiliser trop vite, que tu dois user à bon escient. La vie est une loterie à tirages limités. Chacun à sa chance mais peu d'élus y fond leur place.

Ce soir, contemplant ce ciel bleu presque gris tacheté de rose tomber, je réalise que je n'ai rien fait de ma vie qui vaut le coup d'être réellement vécue. Alors que le temps passe, alors que le temps presse, je ne suis rien. Je ne suis personne. Je n'ai pas la force d'être moi. Le seul repos de cet âme tourmenté qui m'habite se trouve dans la musique. Seule la musique triste, mélancolique, dramatique me soigne. Voilà, je n'aime que ce qui est douloureux. Ce qui te déchire au plus profond de ton être, qui te prend aux tripes et qui te laisse un goût amer dans la bouche. Alors que je relève les yeux au ciel, il n'est plus rien. Ce si beau coucher de soleil s'est éclipsé, il ne m'a pas attendu. Où sont passées ces minutes ? A jamais perdues, personne ne les reverra et ça, ça me met du baume au cœur car c'est le propre de la condition humaine de laisser glisser entre ses doigts ce temps si instable. Farouche.